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L'encybloggedie des concepts et opinions francophones
6 mai 2007

CITOYEN, DEMOCRATIE

CITOYEN, DEMOCRATIE

         Dans l'Antiquité, les personnes qui jouissaient du droit de cité étaient appelées "citoyens" et le droit de cité qualifiait l'ensemble des droits publics et privés des citoyens d' une cité ou, par extension depuis, d'un Etat. A Rome, ce droit se transmettait héréditairement ou s'acquérait par la naturalisation, pour les étrangers, ou par l'affranchissement, pour les esclaves. Cependant les femmes en sont exclues.

         Ce rappel nous intéresse pour préciser que la citoyenneté était un statut conféré par le groupe humain à ses membres naturels mâles et, plus exceptionnellement, à des membres rapportés. La citoyenneté apparaît comme la contre-partie d'une forme de codification de règles et d'usages reconnus par certains groupes humains afin d'assurer leur permanence et leur développement -par intégration de membres rapportés- et dont ce qui importe est moins l' application de ces règles et usages codifiés par les membres du groupe auxquels bénéficient ces "droits" que la surveillance même de cette application -avec sanction en cas de violation- par une institution du groupe lui-même : l'Etat, organisation volontaire du groupe, issue du libre arbitre de ses membres et formée de membres auxquels les autres les y délèguent. L'Etat né de groupes humains formés de membres égaux en statut -les citoyens- est d'essence républicaine et démocratique. Il est d’inspiration humaniste mais ne le devient vraiment que lorsqu’il abolit l’esclavage, accorde un statut aux étrangers, reconnaît aux femmes les mêmes droits et devoirs que ceux des hommes et ne protège plus aucune forme de discrimination.

         L'histoire contemporaine est celle de la division de l'espace planétaire en Etats aux limites géographiques ou frontières généralement reconnues par eux et entre eux, Etats formés  -par adhésion ou par plus ou moins forte contrainte exercée par un groupe dominant ou encore par un ou d'autres Etats- d'un ou de plusieurs groupes humains d'origines culturelles plus ou moins distinctes. L'histoire contemporaine est celle de l'affirmation planétaire du principe de l'Etat sur celui des peuples -le terme de peuple s'appliquant aux groupes humains formé d'individus partageant la même identité culturelle, quelle que soit par ailleurs la taille du groupe et la manière dont s'est formée son identité au cours du temps.

         Le contenu de la citoyenneté moderne défini par chaque Etat envers ses membres n'est donc plus partout en rapport avec les attentes et les pratiques de tous ses membres qui restent variablement déterminés, même de manière relative, par leur appartenance culturelle d'origine. La citoyenneté n'est plus libre arbitre mais raison d'Etat. Elle ne s’entend plus comme un humanisme mais comme un ordre de multiples formes et niveaux de discriminations individuelles, sociales, économiques, politiques, religieuses, etc.

         Cette situation de fait  participe des dérèglements du monde actuel, jusqu’aux conflits armés et aux massacres de populations entières, et produit une formidable souffrance humaine en même temps qu'en quelque manière elle permet la formation de la culture planétaire.

         De nos jours, les citoyens qui relèvent d'un ensemble étatique en même temps que d'une culture [1], ne savent pas toujours tous les droits et devoirs qui sont les leurs et -à admettre même qu'ils le sussent- ne parviennent pas toujours à faire coïncider leur expérience de vie, au jour le jour, avec ces mêmes droits et devoirs. L'Etat, même de statut démocratique, finit par être l’expression de groupes d’intérêt et de lobbies et manipule les tensions qui résultent des multiples discriminations en son sein pour préserver sa cohésion mais il ne parvient ne pas plus à faire respecter les devoirs qu'à satisfaire aux droits de tous. En réaction, les ressortissants d’une forme culturelle spécifique ont tendance à se regrouper en communauté et les diverses communautés s’efforcent de coexister avec la règle générale de l’Etat, qu’elle soit laïque ou non, tout en tentant, chacune, de l’influencer à leur propre profit produisant ainsi l’état de tension permanent[2] !

         Malgré cette situation qui dévalorise quelque peu la citoyenneté au présent et à cause d'elle, le citoyen reste le moteur d’une nouvelle citoyenneté plus universelle alors que les Etats eux-mêmes perdent du pouvoir au bénéfice de diverses formes multinationales.


[1] Les deux appartenances ne coïncident pas toujours et, lorsqu'elles coïncident, elles ne se superposent jamais pour autant.

[2] Les communautés ethniques, culturelles ou religieuses participent bien sûr de ce processus de tension permanente mais elles ne sont que la partie la plus visible de l’iceberg !

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Commentaires
P
…quand tu nous tiens… <br /> ou peut aller la citoyenneté quand le citoyen-salarié n'est considéré que comme un rouage qui rapporte, et la démocratie, quand ledit citoyen a des horaires de présence une quantité innommable de chef les uns au-dessus des autres, et un unique patron qui encaisse tout… l'homme est un loup pour l'homme. Sur terre il y a une centaine de loups, tout le reste c'est un immense troupeau de moutons-dollars. <br /> Bossons mes amis bossons, les loups sont affamés!
B
Super conclusion. Nous y découvrons que nous sommes des individus politiques, pour ainsi dire tenus d'être responsables, là où, il fut un temps, les responsabilités étaient projetées dans des symboles comme la nation, le drapeau, la patrie. Les responsabilités se répartissent maintenant sur les épaules des individus, dont le dernier rempart de protection est la communauté. Une liberté à la fois allégée et alourdie.
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